lundi 24 novembre 2008

Une grosse baffe

On écrit, on relis, on cherche à être heureux et, de temps en temps, on se prend une grosse baffe dans la gueule, de celles qui donnent envie de gerber mais qui remettent les idées en place. Lisez donc.

Un ami se souvient de Tintin, mort dans la rue :

" C'était un Noël, "Alors on va faire Noël tous les deux". J'ai dit oui, il restait encore un petit peu d'argent. J'ai dit "Viens" et on est allé rue du Faubourg Saint-Denis, il y a tous les commerçants. Là, on s'est acheté tout ce qu'il nous fallait, pas grand chose, hein, des huîtres, du poulet cuit le moins cher, mais il est très très bon, pas du poulet daubé, c'est du poulet frais qu'ils font ; et on a pris du vin, et il lui fallait une demi-baguette de pain. S'il mangeait pas de pain, il était pas malade mais... fallait du pain. On est remontés dans la gare, elle a pas fermé à ce moment-là, et on a fait notre petit réveillon tous les deux. Et d'un seul coup, je le vois se lever, c'est là que ça me fait sourire parce qu'il était adorable, il s'est levé et il a fait : "On a bien mangé" ; "Oui". Il dit : "Dans cette gare, y'a pas de musique". Il s'est levé malgré les broches qu'il avait dans les jambes ; il s'est levé et il s'est mis à danser devant moi, et il m'a levé, il m'a tiré, et il a voulu que je danse avec lui ! Les gens qui prenaient le train de Strasbourg du soir, ils sont passés par la voie 25, ils nous ont vu danser tous les deux, ils ont dû se dire : "Ils sont fous ces deux-là !""
Jean-Pierre dit "la Baronne", mort un an après son ami Tintin

in "Rocca C., Les Morts de la rue, Etudes sur la mort 2002/2, n° 122"

Collectif Les morts de la rue : http://www.mortsdelarue.org

Aucun commentaire: